L’IA à l’école : menace ou opportunité?
- Eugé hey!
- 15 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 avr.
Certaines personnes se positionnent clairement anti-IA, d’autres pro-IA. Mais, comme pour la plupart des choses, il existe un entre-deux. Il y a celles et ceux qui avancent avec prudence, sans être entièrement pour ni complètement contre. Ces personnes observent, testent, s’informent, et tentent d’utiliser l’IA comme un levier, tout en restant fidèles à leurs valeurs. Et c’est normal : l’IA soulève des questions, parfois même des inquiétudes. Parce que c’est nouveau. Et ce qui est nouveau, bien souvent, fait peur.
Ce n’est pas un phénomène inédit. L’histoire regorge d’exemples où l’inconnu a provoqué des réactions de rejet ou de crainte : lorsque les femmes ont commencé à porter des jupes plus courtes, cela a suscité l’indignation. À l’arrivée des micro-ondes, certains redoutaient les effets cancérigènes. Les premières télévisions ont même amené certaines personnes à croire que les présentateurs pouvaient les voir à travers l’écran. La peur de l’inconnu est humaine. Et l’IA n’échappe pas à cette règle.
Mais qu’en est-il lorsqu’elle entre dans l’école? Ce lieu de transmission, de savoir, mais aussi de valeurs humaines? L’IA y provoque un remue-ménage qui soulève des enjeux pédagogiques, éthiques et sociaux.
Un nouvel outil dans un vieux système
L’école a toujours été lente à adopter les innovations technologiques. Cela tient parfois à des contraintes budgétaires, parfois à une volonté de conserver un certain modèle d’enseignement traditionnel. Pourtant, l’IA s’impose rapidement. Elle ne demande pas la permission pour entrer dans les classes : les élèves y ont déjà accès, que ce soit sur leur téléphone, leur tablette ou leur ordinateur.
Ce qui bouleverse l’école aujourd’hui, ce n’est pas seulement l’outil lui-même, mais tout ce qu’il transforme : notre rapport à la connaissance, à la recherche, à l’écriture, à la créativité, et même à l’évaluation. Si l’information est disponible instantanément, quel est alors le rôle de l’enseignant? Que devient l’acte d’apprendre?
Triche ou raccourci intelligent?
Le principal reproche fait à l’IA dans les milieux scolaires, c’est sa facilité à produire des textes, des résumés, voire des dissertations complètes. Le risque de plagiat est réel. Un élève peut, en quelques clics, soumettre un travail qu’il n’a pas réfléchi ni rédigé lui-même.
Mais ce comportement soulève une question de fond : s’agit-il d’un simple abus de l’outil ou du symptôme d’un malaise plus grand? Si un élève n’est pas engagé dans son processus d’apprentissage, il trouvera toujours des façons d’éviter l’effort – IA ou pas.
À l’inverse, d’autres élèves utilisent l’IA pour aller plus loin. Ils s’en servent pour approfondir une question, explorer des angles inattendus, faire des liens entre différentes notions. L’IA devient alors un partenaire de réflexion. Ce n’est pas qu’elle pense à leur place, mais elle leur propose des pistes qu’ils n’auraient peut-être pas envisagées seuls.
Enseigner avec l’IA plutôt que contre
Plutôt que de maudire l’outil, pourquoi ne pas apprendre à l’utiliser avec intelligence et éthique?
On pourrait, par exemple, intégrer des exercices où les élèves comparent des réponses générées par l’IA avec celles d’experts humains. On pourrait les amener à analyser les biais présents dans les textes générés. Ou encore, leur faire rédiger un texte à partir d’une suggestion de l’IA, tout en justifiant ce qu’ils conservent, ce qu’ils modifient, et pourquoi. Ces activités permettent non seulement de développer un esprit critique, mais aussi de repositionner l’enseignant comme guide et accompagnateur, et non plus comme simple transmetteur d’information.
L’IA ne remplacera pas le jugement humain
Il est important de rappeler que l’IA ne fonctionne pas seule. Elle a besoin d’un cadre, d’un objectif, d’une intention. Elle ne remplace ni la créativité, ni le doute, ni le dialogue. Elle propose, mais elle ne décide pas. C’est à l’élève – et à l’enseignant – de lui donner un sens.
Le véritable défi ne consiste donc pas à savoir si l’IA a sa place à l’école, mais comment lui faire une place juste. Une place qui stimule la réflexion, sans remplacer l’effort. Une place qui ouvre des horizons, sans effacer le cheminement personnel. Une place qui respecte la complexité de l’apprentissage humain, tout en accueillant les outils de notre époque.
Malheureusement, je ne connais pas l’avenir, et je ne peux pas vous dire exactement où nous en serons avec l’IA et notre rapport à celle-ci dans cinq, dix ou vingt ans. Mais ce que je sais, c’est que l’IA est déjà là, qu’elle est un outil de notre présent, et qu’on ne peut pas échapper à son arrivée. Personnellement, je crois que la peur n’est pas la solution. L’enjeu n’est pas de refuser le changement, mais d’apprendre à l’encadrer, à le comprendre, et surtout, à en faire quelque chose d’intelligent.

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